Les 4 enjeux de la performance énergétique des bâtiments

Nous le savons, le secteur du bâtiment est responsable de 40% de la production absorbée (soit plus de 25% des émissions de GES de la France) devant les transports et l’industrie. Il est donc naturel que les gouvernements et les acteurs puissent trouver des solutions pour améliorer la performance et l’efficacité énergétique des bâtiments industriels et tertiaires. Face à ces constats, nous nous sommes penchés sur les 4 enjeux majeurs du marché du bâtiment face à l’efficacité énergétique : environnemental, réglementaire, comportemental et économique.

1 – La performance énergétique, un enjeu environnemental

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Face à l’épuisement des ressources fossiles et à la menace du changement climatique, la maîtrise de la demande en énergie est aujourd’hui l’un des principaux enjeux de notre société. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, les rejets de CO2 devraient augmenter de 43% d’ici 2030. D’après le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), les émissions de GES au niveau mondial ont augmenté de 80% entre 1970 et 2010.

Ainsi, les séquelles du réchauffement climatique vont être très importantes : disparition d’espèces animales et végétales, hausse des niveaux marins, désertification, maladies… Il est donc primordial d’établir des plans d’actions importants pour diminuer l’impact environnemental d’où la mise en place ces dernières années de réglementations.

2 – La performance énergétique des bâtiments, un enjeu réglementaire

Nous avons consacré un article sur les réglementations mises en place au cours des 20 dernières années, qui montrent la prise de conscience des gouvernements par rapport à l’enjeu énergétique. Je vais donc simplement rappeler les différentes réglementations et faire un focus ensuite sur la RT et le plan PREH.

  • 1997 : Accord de Kyoto ;
  • 2002 : Directive sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) ;
  • 2005 : Loi de Programmation fixant les Objectifs de la Performance Énergétique (Pope) ;
  • 2006 : Directive européenne sur l’efficacité énergétique dans les utilisations finales et aux services énergétiques ;
  • 2008 : Paquet européen Energie Climat 3*20 de l’UE (ou Climat-Energie) ;
  • 2009/2010 : Loi Grenelle I 2010 et Loi Grenelle II (révision) ;
  • 2012 : conférence environnementale sur le développement durable ;
  • 2013 : Plan de Rénovation Énergétique de l’Habiat (ou PREH) ;
  • 2014 : Paquet européen Energie Climat 2030 ;
  • 2015 : Loi de Transition Énergétique pour une Croissance Verte ;

De la RT 2012 à la RT 20XX ?

Applicable depuis le 1er janvier 2013 avec le but de répondre aux objectifs établis par le Grenelle de l’Environnement et à la directive 2010/31/EU, la nouvelle réglementation RT2012 impose à tous les bâtiments neufs (tertiaires, publics, résidentiels) une consommation d’énergie maximum de 50 kWhEP/m²/an en moyenne.

Les bâtiments basse consommation (BBC) deviennent la norme de construction. Pour préparer la prochaine réglementation, l’expérimentation et son label E+C- ont été lancés en novembre 2016 dans l’objectif d’intégrer le bilan carbone en plus des consommations énergétiques. Ainsi, la future réglementation devrait s’appeler « Réglementation Environnementale » et non plus simplement « Thermique ».

On devrait donc logiquement entendre parler des construction de bâtiments à énergie positive (BEPOS), c’est-à-dire des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Le plan de rénovation énergétique de l’habitat (PREH)

Lancé en 2013, le plan de rénovation énergétique de l’habitat a été mis en place pour fixer les objectifs annuels attendus en matière de rénovation massive des bâtiments existants. Le plan vise avant tout à lutter contre la précarité énergétique, à informer et orienter les particuliers sur les possibilités de rénovation de leurs logements et à structurer la filière économique de la rénovation.

A compter de 2014, l’objectif était de rénover 180 000 logements privés, dont 38 000 occupés par des habitants en situation de précarité, auxquels s’ajoutent 90 000 logements sociaux.

A partir de cette année 2017, l’objectif est de rénover 380 000 logements privés, dont 50 000 logements occupés par des habitants en situation de précarité, auxquels s’ajoutent 120 000 logements sociaux.

3 – LA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE, UN ENJEU comportemental

Certes les gouvernements par des décrets, des réglementations vont dans le sens d’une réduction de l’impact énergétique (certainement pas assez vous me direz), mais que peut-on faire à notre échelle de consommateur, en tant qu’acteur de l’industrie ou du tertiaire ? Nous soulevons deux axes de réflexion.

Améliorer la coopération entre professionnels

La technicité de construction, la garantie de performance, la maîtrise des coûts vont imposer aux acteurs du bâtiment des niveaux d’expertise poussée. Il est important que ces acteurs se tournent de plus en plus vers des partenariats d’experts pour évaluer en amont les projets d’un point de vue énergétique.

La recherche d’efficacité énergétique dans le bâtiment suppose une mutation profonde de la filière, pas seulement les entreprises du bâtiment mais en amont ceux qui conçoivent les bâtiments. L’architecte va devoir apprendre à travailler de manière plus intime avec le bureau d’études thermiques dès le premier coup de crayon car le positionnement, sur le terrain, du bâtiment va déterminer son score énergétique et, en aval, ceux qui gèrent les bâtiments collectifs, les syndics, les administrateurs d’immeubles, comme les occupants eux-mêmes vont devoir apprendre à vivre dans un logement économe.

M. Philippe PELLETIER
Président du Comité Stratégique du Plan Bâtiment Durable

Il ne sera donc pas rare à l’avenir de voir intervenir dans la phase de conception l’architecte, le bureau d’études thermiques et l’électricien. Une complémentarité accrue entre le savoir-faire des opérateurs (qui connaissent parfaitement le bâtiment, les usagers…) et les nouvelles technologies (système de gestion de l’énergie, Big Data…) apparaît essentielle afin de piloter correctement l’efficacité énergétique.

Former plus & former mieux !

La formation doit opérer un changement pour atteindre deux objectifs : former plus et former mieux ! Former plus car « chaque année, le nombre de jeunes formés aux métiers du bâtiment est de 50 000 là où les besoins sont estimés à 100 000 nouveaux entrants », conclue le rapport d’activité du Plan Bâtiment Grenelle 2011. Il est donc nécessaire d’améliorer l’attractivité de la filière.

Former mieux car tous les corps de métier sont impactés par cette notion d’efficacité énergétique. Il est essentiel que dès la formation initiale, les élèves soient sensibilisés à cette notion. De plus, de nouveaux métiers risquent de voir le jour, il faudra donc former nos futurs acteurs à ces métiers.

Enfin, les réglementations et les technologies étant régulièrement en mutation, il est nécessaire d’ancrer les professionnels du bâtiment dans une démarche de formation continue pour qu’ils soient toujours à jour et puissent ainsi répondre aux nouvelles exigences et demandes.

4 – LA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE, UN ENJEU économique

Un parc vétuste, onéreux et surtout énergivore !

Avant 1975, la France a construit massivement (environ 19 millions de logements construits). Ils représentent 58% des logements en France et consomment en moyenne 2 à 3 fois plus d’énergie que les logements récents. Le vieillissement de ce parc associé à un faible taux de renouvellement (<1%) est un grand frein à l’amélioration de l’efficacité énergétique.

De nouvelles perspectives d’emploi

L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments ouvre des perspectives industrielles importantes. Notamment à des acteurs développant des technologies innovantes coûteuses comme Bouygues, Schneider Electric, etc. Toutes ces nouvelles technologies nécessitent l’acquisition de nouvelles compétences par les acteurs de la construction du bâtiment.

-Les résultats du Baromètre de la performance énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires

Le 16 janvier dernier, l’observatoire de l’immobilier durable (OID) a publié son « Baromètre de la performance énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires » afin de donner une meilleure compréhension de l’impact énergétique des bureaux, commerces et autres ERP et de parvenir à la mise en place d’une trajectoire énergie/carbone viable. 

Les résultats montrent une baisse de la consommation énergétique des bureaux : 182 kWhef/m2.an et 3 437 kWhef/ETP.an. Néanmoins, des efforts sont encore nécessaires pour parvenir à la transition énergétique du pays. L’OID a tenu à rappeler les engagements de la France à réduire de 75% ses émissions de Gaz à effet de serre à l’horizon 2050 par rapport à 1990. L’atteinte des objectifs du décret tertiaire passe par une diminution de 3% des consommations énergétiques par an. 

L’OID a également révélé plusieurs facteurs influant les besoins du bâtiment, notamment la surface utile brute (36%), l’âge (13%) ainsi que la famille de l’édifice. Il faut aussi tenir compte de sa taille et de sa situation géographique pour obtenir les données qui permettent de prédire la consommation énergétique surfacique. 

Ainsi, de nombreux changements doivent mis en œuvre, notamment l’élaboration d’une trajectoire énergie/carbone efficace. Mais l’OID recense trois freins empêchant l’élaboration d’un programme viable : le périmètre de la performance énergétique, ses enjeux ainsi que son périmètre. Pour y remédier, le Baromètre recommande la mobilisation de plusieurs leviers : techniques, économiques et sociaux. Parmi les plus importants, l’utilisation et l’exploitation sont en tête de file, par exemple, il est possible de réaliser 10% à 30% d’économie d’énergie grâce à la sensibilisation des occupants aux bonnes pratiques à adopter. 

Mais les investisseurs font également partie des éléments à convaincre, une étude de l’OID et ImmoStat datant de 2018 révélait que le niveau de consommation énergétique d’un bâtiment ne représente pas un critère déterminant dans le cadre d’une transaction à la location. Ce désintérêt pourrait s’expliquer par le manque de bâtiment énergétique très performant et l’absence de transparence sur les consommations réelles d’un programme. Pour remédier à cela, le Baromètre évoque la nécessité d’adopter « des orientations politiques claires pour la transition énergétique du parc immobilier ».  

En tant qu’entreprise d’électricité générale, il était important pour nous de traiter ces enjeux autour de la performance énergétique. Mieux les assimiler, c’est comprendre la manière dont nous pouvons oeuvrer pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, c’est aussi anticiper les mutations (environnementales, réglementaires, technologiques…) pour mieux servir nos clients. Si vous souhaitez compléter cet article, nous vous conseillons de télécharger notre rapport sur le marché du bâtiment face à la performance énergétique.

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